Girieud, Pierre

PIERRE GIRIEUD

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Biographie

Pierre Girieud est né en 1876 au no 14 rue de Marseille à Paris, de Jeanne Rosalie Bernard et Joseph Gustave Girieud, ingénieur civil. Il passe sa prime jeunesse dans les Alpes de Haute-Provence, région dont sa famille est originaire, avant de s'établir en 1900 à Montmartre où il pratique la peinture en autodidacte tout en fréquentant Picasso, Villon, Marquet, Puy, Manguin et Camoin.

Grand admirateur de Gauguin qu'il découvre en 1901 par son ami Durrio céramiste et orfèvre ayant travaillé au côté de l'artiste, Girieud peint selon les préceptes Nabis : il refuse la perspective traditionnelle au profit de larges aplats ; il cerne de noir les formes stylisées pour en faire ressortir la quintessence ; il utilise des couleurs contre nature pour augmenter l'effet décoratif. Il complète l'extrême dépouillement de ses oeuvres par un symbolisme exacerbé.

Une interprétation personnelle apparaît malgré tout car il traduit les sensations grâce au jeu de la couleur et de la composition. Il introduit son propre primitivisme au travers d'images naïves , des vitraux et des figures hiératiques.

Tout au cours de son évolution, il conservera une règle chère à Gauguin : structurer solidement le tableau par le dessin. Girieud ne peut réaliser son rêve de rejoindre Gauguin dans les îles et doit se contenter d'un pélerinage en Bretagne. A l'occasion de la rétrospective Gauguin en 1906 , il peint le Maître au sein d'une composition inspirée de la Cène dans laquelle Gauguin partage un repas avec ses disciples : l' Hommage à Gauguin.

Après avoir exposé en compagnie de Maillol en 1901, il débute l'année suivante au Salon des Indépendants à Paris et joue très tôt un rôle important parmi les artistes en révolte contre l'art officiel et l'impressionnisme, perçu comme une impasse.

« Alors que Flandrin, Marquet, Dufrénoy, Puy, Laprade, Manguin, Friesz devenaient célèbres, Matisse illustre, Pierre Girieud, leur camarade, leur égal, demeure isolé. On ne fut pas juste pour Girieud, et je fais ici mon mea culpa de critique. Sauf Gasquet et Charles Morice qui avaient compris cet artiste, nul n'alla le chercher en sa retraite. Nous étions trop séduits par les délices de Bonnard, et les feux d'artifice des Fauves nous surprenaient. Près d'eux, mais en silence, un être cultivé, méditatif, épris des Siennois et de Gauguin, visait non à l’effet, mais à la cadence, préférait la composition ordonnée au morceau de bravoure. C’était Girieud. » (Louis Vauxcelles, L'Excelsior, 1919)

Il adhère ainsi au Fauvisme et participe au Salon d'Automne historique de 1905, où il expose cinq tableaux dans la salle n° VII des artistes qualifiés Fauves. Il montre aussi ses oeuvres à la galerie Berthe Weil en compagnie de Metzinger, Fornerod et Friesz.. En Russie, il participe au Salon de la Toison d'Or.

Ami de Kandinsky dès 1904, Girieud est le premier français à adhérer aux principes expressionnistes de la NKV lors de sa création en 1909. Il sert alors de lien entre les artistes parisiens et allemands et apporte sa contribution aux catalogues et expositions jusqu'en 1911. Adepte des Primitifs et des Fauves, nourri des vigoureuses oppositions inhérentes à sa Provence natale, s'investit dans cette peinture aux contrastes excessifs, aux rapports de couleurs insolites dominés par l'abondance du noir, aux simplifications de formes toujours plus aigües. Il se retrouve donc dans ce mouvement de révolte artistique qui se développe alors en Allemagne et qui sera baptisé Expressionnisme. Munich avec la NKVM et le Blaue Reiter, Dusseldorf avec le Sonderbund , Berlin avec Die Brücke et la Neue Secession , sont les centres de diffusion de leurs théories. Il est le Français ayant exposé le plus de tableaux avec ce mouvement ce qui lui vaudra la présence de huit oeuvres lors de la rétrospective organisée par le Lembachhaus en 1999.

Les artistes de la NKV reconnaitront en lui la pureté de la ligne proche de la naïveté associée à une émotion pure caractéristique de l'expressionnisme.

Girieud est également associé au vent de liberté qui accompagne la création de l'Almanach du Blaue Reiter où figure une de ses oeuvres détruite durant la dernière guerre mondiale. Il n'exposera pas avec ce groupe car sa contribution arrivera trop tard mais sera à leur côté la plupart du temps y compris à la galerie Der Sturm où Walden après avoir exposé les Expressionnistes Français (comprenant Girieud), revendiquera pour les allemands le terme expressionniste.

Le monde artistique allemand le tient en haute estime comme le montre le nombre de ses toiles achetées par Koehler, Erbslöh, Kanolt, et Kandinsky ainsi que l'échange proposé par Marc .

Il doit sa première exposition personnelle en 1907 à Daniel Kahnweiler et en 1910-1911, Franz Marc le fait exposer à la galerie Tannhauser à Munich.

Girieud se fixe en 1911 à Marseille et, revenu au classicisme lors de la Première Guerre Mondiale, il se consacre à des oeuvres de décoration, surtout des fresques, des décors d'opéra et des illustrations.

Il meurt en 1948. Louis Vauxcelles rapporte dans le journal Excelsior du 29 mai 1919 : « Alors que Flandrin, Marquet, Dufrénoy, Puy, Laprade, Manguin, Friesz devenaient célèbres, Matisse illustre, Pierre Girieud, leur camarade, leur égal, demeure isolé. On ne fut pas juste pour Girieud, et je fais ici mon mea culpa de critique. Sauf Gasquet et Charles Morice qui avaient compris cet artiste, nul n'alla le chercher en sa retraite. Nous étions trop séduits par les délices de Bonnard, et les feux d'artifice des Fauves nous surprenaient. Près d'eux, mais en silence, un être cultivé, méditatif, épris des Siennois et de Gauguin, visait non à l’effet, mais à la cadence, préférait la composition ordonnée au morceau de bravoure. C’était Girieud. »

Expositions

. le Salon des refusés dont Girieud élabore les statuts en 1901 sous le nom de « Bilange » avec la complicité de Fabien Launay et qui deviendra le Salon d'automne

. le Collège d’esthétique moderne, collectif de créateurs — via La Revue naturiste —, créé à l'automne 1900, avec entre autres les artistes Émile Dezaunay, Durio, Girieud, Henri Delepouve (1869-1956), Charles Huard, Manolo Hugué, Frantz Jourdain, Fabien Launay, Alphée E. Iker, Maillol, Raoul de Mathan, Charles Milcendeau, Tony Minartz, Ricardo Florès

. le Groupe tendances nouvelles auquel Girieud adhère en 1903 et où il rencontre Vassili Kandinsky en 1904

. la « villa Médicis libre », fondée en 1909 au château d'Orgeville par le juge Georges Bonjean, avec Jean Metzinger, Albert Gleizes, Georges Duhamel et Girieud , et dont bénéficieront Raoul Dufy, André Lhote, André Marchand, entre autres, cette fondation déménageant ensuite à Villepreux

. l'Association des nouveaux artistes munichois (NKVM). Ami de Vassili Kandinsky dès 1904, Girieud est le premier français à adhérer aux principes de la Nouvelle Association des artistes munichois (NKVM) lors de sa création à Munich en 1909. Il sert alors de lien entre les artistes parisiens et allemands et apporte sa contribution aux catalogues et expositions. Girieud devient leur principal représentant français et aide les membres dirigeants à rassembler les œuvres de ses confrères français. Il sera présent aux trois expositions de la NKVM en 1909

. Le Cavalier bleu : Lorsque Kandinsky quitte la NKVM, il maintient de bons contacts avec Girieud qui fait la liaison entre le Blaue Reiter et Paris. Kandinsky commande à Girieud un article sur les primitifs siennois et des images d’Épinal pour constituer l’Almanach. Girieud réussit le tour de force de rester fidèle aux deux clans antagonistes : il apporte sa contribution à l’Almanach mais n’expose pas avec le Blaue Reiter, continuant à accrocher ses toiles dans les salles voisines réservées à la NKVM

. deux expositions du Sonderbund en 1910 et 1912

. Neue Secession de Berlin en 1911. Dans une lettre à Kandinski, Franz Marc commentant cette exposition indique notamment « fameux aussi les grands baigneurs (format vertical) de Girieud »

. Galerie Hans Goltz de Munich en 1912 et 1913 (exposition de la totalité de la peinture moderne)

. Galerie Der Sturm en 1912 : 1° exposition de la galerie consacrée aux Expressionnistes français et au Blaue Reiter puis deuxième exposition avec les Futuristes

A partir de 1910, Girieud est présent dans toutes les expositions nationales et internationales : Indépendants de Prague, exposition londonienne « Manet et les Post-Impressionnistes », Neue Secession de 1911, les deux premières expositions de la galerie Der Sturm à Berlin, exposition d’Art français de Budapest, seconde Post Impressionist Exhibition de Londres, galerie Hans Goltz en Allemagne dans le cadre du Neue Kunst, Armory Show de New York, Boston et Chicago, le Sonderbund de Cologne, Exposition d’Art français de Stockholm, à l’exposition des papiers de Montval à la galerie de la Licorne, à la Biennale de Venise. Il a en outre exposé de nombreuses fois au Salon des Indépendants, au Salon d’Automne et au Salon des Tuileries.

À intervalles réguliers, les marchands lui aménagent des expositions particulières, la Galerie Thannhauser de Munich en 1911, Paul Rosenberg en 1914 et 1920, Berthe Weill en 1925, la galerie Charlet à Bruxelles, et surtout la galerie Eugène Druet qui l'expose plusieurs fois (1926, 1929) et lui consacre un album en 1931 : c'est notamment Eugène Druet qui prête Hommage à Gauguin en 1913 pour l'Armory Show.

Musées

Ses œuvres sont présentes dans vingt deux musées dont l’Hermitage de Saint-Pétersbourg, le musée national d'art moderne à Paris, le Lenbachhaus de Munich, le musée du Petit Palais de Genève, le musée de l'Annonciade à Saint-Tropez, le musée Cantini de Marseille.