Martin, Henri-André

HENRI-ANDRE MARTIN

Retour à l'accueil - Cette page contient la biographie du peintre, ainsi que des listes non exhaustives de ses prix, distinctions, expositions, et des musées possédant ses oeuvres

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Biographie

Né à Lyon en 1918, l’enfant et l’adolescent Henri-André Martin passe sa jeunesse à Saint-Étienne, son père, Edme Martin, installé tout d’abord comme médecin praticien à Lyon, ayant été nommé médecin des dispensaires antituberculeux de la Loire. Bien que choyé par ses parents et particulièrement par sa mère, il s’ennuie beaucoup à Saint-Étienne, n’étant ni sportif ni passionné de littérature. Cet ennui relatif favorisa selon lui, une tendance contemplative et sa vocation de peintre. Il écrivait à ce propos en 1981 : « Quelle magnifique école que l’ennui pour développer en soi ce qui peut se trouver caché, pour apprendre à regarder, à aimer les choses les plus simples ». Il appliqua ce principe à l’éducation de ses enfants, le sport étant considéré à la maison comme une activité, sinon coupable, du moins peu enrichissante.Contemplatif mais actif, il voulait faire de la peinture qui était sa vocation. Vocation qui avait été encouragée par Joseph Lamberton, peintre et sculpteur stéphanois et par Henry Grosjean, qui accepta de venir lui donner des cours de peinture, pendant l’été, dans la propriété familiale bressane de Jasseron. Une fois ses baccalauréats en poche, il voulut s’inscrire aux Beaux-Arts de Paris, mais il fallait pour cela quitter la région Rhône-Alpes pour se rendre dans la capitale, qui aux yeux de sa mère, était un lieu de « perdition ». Devant le chagrin de ses parents de voir partir leur enfant, il eut la faiblesse de renoncer et le regretta longtemps.Pendant ses premières années d’étude de médecine à Lyon, il s’inscrit néanmoins aux Beaux-Arts. Nommé interne des hôpitaux à son retour de captivité en 1942, il terminera sa carrière médicale à la direction de la clinique universitaire oto-rhinolaryngologique à l’hôpital Édouard-Herriot. Mais la peinture fut sa passion.

La peinture fut pour Henri-André Martin la manière d’exprimer ses sentiments. Par nature très réservé et d’une extrême pudeur que beaucoup prenaient pour de la froideur, c’est elle qui lui a permis d’exprimer sa sensibilité forte d’artiste et, ses périodes picturales sont autant de reflets de ses inquiétudes, de ses espoirs, de ses joies. À chaque période de sa vie, où qu’il se rende et chaque fois qu’il a un moment, il peint des gouaches, souvent de petite dimension, mais parfois de dimension plus grande. Il peint également des plages que l’on a pu comparer à celles de Boudin. Leur facture montre bien toutefois que cette figuration n’est qu’apparence et qu’en fait, ces plages faites d’eau, de ciel et de sable, se passent volontiers du motif, le travail de la matière semblant avoir plus d’importance que le sujet. En dépit du fait que jusqu’aux années 1970, il peint « sur le motif », ses toiles restent très éloignées de l’anecdote. Souvent sévères comme les paysages de Provence, les murs parisiens qui expriment l’inquiétude, ou les chemins de fer, les voies d’aiguillage qui suggèrent, en ocre et noir, tout l’embarras du choix. On retrouve la même gravité nostalgique dans les toiles de carcasses de barques qui comme l’écrit plus tard son ami Louis Pons « semblent mourir d’immobilité » ou dans les toiles de Venise, ou les paysages d’Eygalières.

Dans les années suivantes, la peinture devient plus simple, plus synthétique, tels ces paysages aux amandiers torturés, aux oliviers noirs et noueux, aux platanes se détachant sur le ciel ocre de l’aurore provençale, en hiver. Ce sont aussi les toiles d’Hambourg dans lesquelles la pâte s’alourdit, les couleurs s’assombrissent, marquant toute la sévérité des paysages portuaires. Le travail d’atelier prend progressivement le pas sur la peinture sur motif.

La période charnière coïncide avec celle de son travail sur l'olivier, pendant laquelle il mène de front la réalisation des « Troncs », recueil de six planches lithographiques, du livre L’olivier comportant de très nombreuses lithographies et sérigraphies, mais aussi des textes poétiques et de nombreuses toiles. Il se passionne alors pour tout ce qui touche à l’olivier (littérature, peinture, traditions, histoire), mais aussi à l’arbre lui-même, son histoire millénaire, sa poésie, ses symboles, mais aussi sa culture, sa taille, la production d’huile et les moulins, passion qu’il gardera le reste de sa vie. Ce travail sur l'olivier lui permit d’aboutir à de larges simplifications. D’où des toiles au caractère symboliste, dans lesquelles on a l’impression que le but n’est pas de représenter tel ou tel arbre, mais de résumer dans un emblème, tronc, feuille et ciel, la civilisation de l’olivier. René Déroudille écrivait à leur propos en 1976 : « Il y a là une sève lyrique qui entraîne l’artiste et le pousse à définir d’une manière différente les arbres de la chère Provence. « L’ancêtre » et surtout les planches consacrées à l’étreinte et au renouveau, définissent en poésie, l’action d’un artiste lui aussi en pleine mutation ».Les années qui suivent sont marquées par une intense activité picturale et la réalisation en atelier et à partir de croquis sur motifs, de grandes toiles très souvent colorées qui font l’objet d’une grande exposition en 1988 à la maison de Lyon. Bernard Gouttenoire écrit dans Hebdo Lyon en juin 1979 à ce propos : « Les champs de colza ou de lavande remplissant abondamment le châssis entoilé. . ..Il pourrait y avoir « monotonie » par la pratique de grands aplats, mais justement il n’en est rien et l’on ne se lasse nullement, de tant de couleurs sublimées ».

Dans les années 1980, la Provence et surtout les Alpilles qui ont été depuis longtemps des thèmes privilégiés, lui fournissent à mon une source d’intense inspiration et d’évolution vers des toiles beaucoup plus abstraites. Ces mêmes années sont marquées par la réalisation de grands nus qui avec les Alpilles et d’autres toiles colorées feront l’objet d’une grande exposition à L’Atrium à Lyon en 1992. Pendant cette période des années 1990, il travaille en atelier intensément, se lance dans des séries, souvent abstraites et sans doute nécessaires à son expression. René Déroudille écrit en 1992 : « . . .il désire aller au bout de son travail, c’est-à-dire mener à leur conclusion les formes et les couleurs nées de son imagination créatrice. . . Lentement mais surement, il est arrivé à une sorte de plénitude, à la satisfaction de la tâche enfin accomplie... Absolument à part de l’école lyonnaise, il semble sans nulle prétention, se complaire dans une solitude active, où il se sent proche de ses désirs ». Progressivement toutefois, il traite des sujets plus attrayants, presque décoratifs, comme des fleurs japonisantes, des papillons. Il reprend des thèmes anciens avec une facture franchement figurative : bouquets de fleur, natures mortes, paysages d’Eygalières.En 1995 survient un premier accident de santé, suivi d’une longue hospitalisation. À sa sortie de l’hôpital, il se remet à peindre, mais le thème devient plus sévère, voire tragique. Il réalise alors une série consacrée au calvaire du Christ sur la croix à travers le cheminement de sa couronne d’épines à propos de laquelle Alain Vollerin écrira en 1996 dans le tout Lyon : « . . .sa dextérité nous emporte vers une redécouverte du portement de Croix, vers une réécriture plus intime de cet univers pictural qui emporte notre adhésion ». Les dernières années de sa vie seront marquées par une lutte farouche et exemplaire contre la maladie. Il peindra jusqu’à son dernier souffle. Ne disait-il pas dans sa conférence de 1988 à l’institut d’histoire de la médecine à Lyon sur « Médecine et peinture — Quelles démarches ? » : « Quand se fait plus rude la difficulté d’être, quand vieillir risque de devenir une rude épreuve ou plus généralement quand se perd, emporté par les méandres douloureux de l’existence un certain goût de vivre, voila à quoi sert la peinture. ... La peinture aide à vivre comme la médecine aide parfois à survivre » ?

Ses amis étaient le plus souvent des artistes. On peut tout d'abord citer Joseph Lamberton, Henry Grosjean et Pierre Eugène Montézin car ils ont fortement encouragé et influencé l’adolescent. Puis, Pierre Pelloux qui fut à la fois un professeur, un ami et un patient au courage extraordinaire. Très malade, il écrivait à propos de sa rétrospective en 1975 à la Maison de Lyon : « Le professeur Martin, toujours lui, et de bons amis ont fait tout le travail... ». Jean Carlotti, séducteur d’une éternelle jeunesse, Jean Fusaro, André Cottavoz, Jacques Truphémus, parmi les chefs de file de l’école Lyonnaise exposèrent régulièrement à la galerie Malaval, galerie qui appartenait à Henri-André Martin et dont son épouse Anne-Marie était la directrice. Bernard Buffet était pour lui un des grands peintres de son temps. Il fit l’acquisition d’une de ses œuvres au détriment de l’achat d’une automobile. Après avoir fait sa connaissance, sa fin tragique fut pour lui un choc important. Je voudrais aussi citer Mario Prassinos et Roland Oudot qui peignaient à Eygalières. Henri de Waroquier, Camille Hilaire, Louis Pons et Michel Ciry. Ces deux derniers, amis très proches aux personnalités très différentes, ont à tour de rôle passé de longs séjours dans sa maison d’Eygalières. Joseph Alessandri, son voisin et Jean Cardot, secrétaire perpétuel de l’institut de France, furent les amis les plus chers, mais il conviendrait d’en citer bien d’autres. La rencontre, puis l’amitié avec Jean Souverbie illustrent bien sa personnalité. Un jour qu’avec son interne d’alors Jacques Oudot, futur adjoint à la culture de Lyon, ils assistaient à une séance interminable de la Société française d’ORL à la faculté de médecine des Saints-Pères, il lui proposa de rendre visite à Souverbie qui habitait l’institut de France dans l’ancien atelier de David à proximité de la rue des Saints-Pères. Celui-ci leur donne un rendez-vous le soir même, c’était en octobre 1966. Martin lui dit toute son admiration qui l’avait amené à faire l’acquisition de plusieurs de ses toiles autrefois chez Bernheim et lui propose de faire une exposition à la galerie Malaval. Souverbie qui peignait beaucoup moins, en raison surtout de déboires financiers consécutifs, notamment à la fermeture de la Galerie Bernheim après le krach de Wall Street et de la guerre de 1939, se laisse convaincre. En dépit d’une maladie invalidante, il retrouve une seconde jeunesse, se remet à peindre avec ardeur, encouragé de savoir qu’il allait avoir peut-être de nouveaux amateurs et rassuré surtout par ce que Martin lui apportait d’intérêt et de sécurité, permettant à ce peintre majeur de reprendre progressivement la place qu’il n’aurait jamais du quitter. Henri-André Martin eut la même démarche avec Jean Piaubert, qui après avoir exposé dans le monde entier, était un peu oublié. Il le rencontre, devient son ami, lui propose d’exposer à la galerie Malaval, achète nombre de ses œuvres, publie les sérigraphies destinées à illustrer les travaux de l’artiste réalisant le décor de « la création du monde », un ballet dont la musique était signée, Darius Milhaud.

Tout au long de sa vie, il a acheté et collectionné les œuvres, le plus souvent de ses amis peintres, en assurant leur promotion, soit personnellement, soit par l’intermédiaire des expositions organisées à galerie Malaval. Les ateliers de sa maison du 44, boulevard des Belges à Lyon étaient ouverts à tous les artistes. Dans sa maison d’Eygalières, se trouvait un autre atelier qui faisait face aux Alpilles. L’atelier parisien de la rue du Saint-Gothard jouxtait celui du sculpteur Jean Cardot, ami très proche et, y travailler lui procurait une joie intense, ce logement parisien lui permettant en outre de se rendre aux séances de l’académie des Beaux-Arts dont Jean Cardot est le secrétaire perpétuel.

Prix et distinctions

1964 : prix Maurice Utrillo

Hors concours, puis médaille d’honneur de la Société lyonnaise des Beaux-Arts

Sociétaire du Salon du Sud-Est jusqu’à son décès en 2004.

Salon du dessin et de la peinture à l’eau, Paris

Sociétaire du salon de la Société nationale des Beaux-Arts, Paris

Sociétaire du Salon d’automne, Paris

Correspondant de l’institut de France.

Expositions (sélection)

1962 : Galerie Chardin (Paris)

1965 : Musée de l’Athénée (Genève)

1965 : Château de la Jansonne (Cavaillon)

1971—2000 : Galerie Malaval (Lyon)

1973 : Château de la Jansonne (Cavaillon)

1978 : Chapelle du Grand Couvent (Cavaillon)

1979 : centre d’art contemporain de Lacoux

1981 : Galerie Visconti (Paris)

1987 : Foire d’Art Contemporain de Rillieux (Rhône)

1988 : Maison de Lyon (Lyon)

1992 : Artrium (Auditorium Maurice Ravel) Lyon

1992 : Galerie Braquahage d Honfleur

1996 : Fondation Léa et Napoléon Bullukian (Lyon)

2008 : Fondation Léa et Napoléon Bullukian (Lyon)

Toiles exposées dans de nombreuses galeries étrangères :

New-York

Dallas

Caracas

Genève

Musées

Musée national d'art contemporain

Musée de la Ville de Lyon

Musée de Rodez

Littérature

Sérigraphies, lithographies, grands livres Nombreuses sérigraphies et lithographies (atelier Mourlot, puis Dejobert à Paris, atelier Badier à Lyon, atelier André Dupertuis à Eygalières) ; recueil de six planches intitulé Les troncs et surtout L’olivier, ouvrage réalisé dans la plus pure tradition des Grands livres ; édition de livres de haute bibliophilie : Le bestiaire d’insectes de Jean Vasca et Joseph Alessandri, Le Lyon de René Déroudille et Jean Carlotti, La création du Monde de Jean Piaubert.

Livre La maladie de Van Gogh — Le mystère d’une fin tragique, livre paru chez Buchet / Chastel en 1994 [3]. Ce livre réalise la synthèse de l’intérêt de mon père pour la médecine et de sa passion pour la peinture. L’ouvrage aborde la vie de Van Gogh et la genèse de son génie, son environnement affectif, son caractère et son comportement, éléments permettant de comprendre les origines de sa maladie et sans doute de sa mort. Partiellement rédigé à partir du travail de thèse d’une de mes élèves, le docteur Christèle GandiéEspalieu, il réfute totalement l’hypothèse de maladie de Menière, émise par Arenberg aux États-Unis, comme celle de schizophrénie retenue par de nombreux auteurs. Il montre toute la pertinence du travail d’Henri Gastaut, en 1956, pour qui Van Gogh était atteint d’hallucinations visuelles et auditives dues à une épilepsie partielle à symptomatologie psychomotrice, elle-même favorisée par une intoxication à l’absinthe. Il s’interroge aussi sur la cause du décès du peintre, n’écartant pas l’hypothèse d’une fin accidentelle.

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