Olère, David
DAVID OLERE
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Biographie
David Olère naît en 1902 dans une famille juive de Varsovie d'un père médecin et d'une mère sage-femme. Il montre un talent précoce pour la peinture et entre à 13 ans à l'école des Beaux-Arts de Varsovie, en dépit de son jeune âge et du numerus clausus à l'encontre des Juifs. Il obtient une bourse et quitte la Pologne pour Berlin trois ans plus tard. Il y est engagé par Ernst Lubitsch à l'Europäische Film Allianz comme peintre, maquettiste et décorateur de studio.
En 1923, il émigre à Paris, s'installe à Montparnasse, fréquente de nombreux artistes, travaille comme affichiste à la Paramount et enseigne à l'académie de la Grande Chaumière. Il épouse en 1930 Juliette Ventura, dont il a un fils, Alexandre. Il est naturalisé français en 1937, sous le nom de David Olère.
David Olère est mobilisé en 1939 au 134e régiment d'infanterie. Après sa démobilisation, il perd son emploi, la Paramount fermant ses portes, et il est astreint au statut des Juifs instauré par le régime de Vichy.
Le 20 février 1943, il est arrêté par la police française lors d'une rafle à domicile. Le 2 mars, il est déporté de Drancy vers Auschwitz avec mille Juifs, par le convoi n° 49. Matricule 106144, il est choisi pour faire partie du Sonderkommando, le « commando spécial » dont le rôle principal est de sortir les corps des chambres à gaz et de récupérer sur les cadavres tout objet de valeur avant de les charger dans les fours crématoires. Les membres des Sonderkommandos, bien que relativement mieux traités que les autres prisonniers du camp, étaient régulièrement gazés eux-mêmes pour éviter des révélations et témoignages gênants sur le processus d'extermination à l'œuvre à Auschwitz-Birkenau. Son talent de dessinateur retenant l'intérêt des SS, David Olère échappe à la mort programmée en calligraphiant et décorant de dessins les lettres envoyées par les SS à leur famille. Il retient de nombreux lieux, moments et expériences du camp, confirmés par les divers témoignages qui seront trouvés par la suite (photos de SS, manuscrits enterrés d'autres membres de Sonderkommando, témoignages de survivants). Parlant le polonais, le français, l'anglais et l'allemand, il sert également d'interprète aux Allemands qui, sentant la défaite poindre, n'hésitent pas à capter les nouvelles de Londres diffusées par la BBC. Il y apprend la libération de Paris et Strasbourg.
David Olère réussit, comme d'autres membres du dernier groupe de Sonderkommando, à se mêler aux autres prisonniers du camp lors de l'évacuation de Birkenau et d'Auschwitz le 25 janvier 1945. Il prend alors part à la marche de la mort jusqu'au camp autrichien de Mauthausen. Il n'est libéré par l'armée américaine que le 6 mai.
Revenu à Noisy-le-Grand, Olère ne nourrit plus son art (dessins, peintures et sculptures) que dans une perspective de témoignage. C'est son seul moyen de supporter l'horreur vécue et sa seule motivation à survivre. Ses œuvres sont considérées comme un témoignage visuel de première importance.
Il meurt, selon son fils Alexandre, épouvanté par la naissance des thèses négationnistes, qui n'hésitent pas à mettre son propre témoignage en doute.
D'après Jean-Claude Pressac, David Olère affirmait que les nazis faisaient des saucisses en chair de Juif
Son oeuvre
Olère dessine de 1945 à 1962. Ses dessins sont parfois ses seuls documents visuels restants. Lorsque des photos d'époque faites par des SS ou des plans ont été trouvés plus tard, par exemple de la salle des fours ou des bâtiments du crématoire, il s'est avéré qu'ils étaient superposables à ses dessins, qui étaient d'une précision d'architecte. Olère fournit par exemple des plans en coupe de ces installations, détruites peu avant l'évacuation du camp, afin d'expliquer comment fonctionnaient les usines de mort nazies. Bien qu'appelé à dessiner pour des SS (il se montre sur l'un de ses dessins en train de réaliser une marine sur un abat-jour de peau), il ne pouvait évidemment pas réaliser de croquis sur place.
Olère a aussi dessiné "Les Inaptes au travail" qui est très réputé car ceci montre vraiment l'horreur des camps nazis.
Olère se représente souvent dans ses dessins, identifiable par son matricule. Outre des scènes de sélection et de gazage, concernant des groupes ou des individus, il montre dans son travail les mines après l'évacuation de Birkenau, ou encore des scènes de prière, ayant rapidement croqué une étoile de David et une figure de Jésus sur du papier d'emballage pour ses camarades de baraque lors du dernier hiver passé à Auschwitz. Un dessin représente Juifs et chrétiens priant pendant qu'un prisonnier fait le guet, cette activité étant comme beaucoup d'autres interdite.
En 1952, Olère réalise Les Vivres des morts pour les vivants. Cette huile sur carton mesurant 102 × 76 cm est exposée au musée de l'Holocauste à New York. Ce tableau réalisé peu après la seconde guerre mondiale décrit un mouvement expressionniste. Ce courant artistique du XXème siècle cherche à exprimer les émotions, les sentiments.
Littérature
David Olère, L'Œil du témoin, Fondation Beate Klarsfeld, Paris 1989
David Olère et Alexandre Olère, Un génocide en héritage, éditions Wern (ISBN 2-912487-35-8)
Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Paris, Beate et Serge Klarsfeld, 1978 ; nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms, FFDJF, 2012
(en) Bella Shomer-Zaichik, Out of the Depths : David Olere, an Artist in Auschwitz, Yad Vashem, 84 p.